Shorouk Express
Autre piste : la création d’un ticket coupe-file, avec la mise en place d’une procédure à part pour le raccordement de sites à “très forte puissance”. Le patron de RTE, Xavier Piechaczyk, a d’ailleurs rappelé hier qu’il avait déjà fait des propositions de raccordements “ultrarapides” aux opérateurs de datacenters, “à condition qu’ils se connectent sur les bons nœuds de réseaux”. Le gestionnaire a proposé huit sites où la pleine puissance peut être atteinte en trois ans, sur les 35 identifiés par le gouvernement.
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INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
VENT CONTRAIRE. L’information a suffi à ternir la semaine dorée de Mistral AI. Un recours a été déposé par un avocat français auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), a révélé l’Informé. Le motif : l’entreprise d’IA ne permettrait pas aux utilisateurs qui utilisent la version gratuite de l’application d’utiliser leur droit d’“opt-out” — qui permet d’éviter que les questions posées à la solution d’IA, Le Chat, n’alimentent sa base de données d’entraînement.
Contactée par ma collègue Océane Herrero, la start-up veut dégonfler l’affaire. “Mistral AI a toujours permis à ses utilisateurs de refuser l’utilisation des informations contenues dans les requêtes adressées au Chat”, nous indique un porte-parole. “Nous avons récemment reformulé ce point dans nos conditions d’utilisation pour davantage de clarté”, précise-t-il encore. En l’occurrence, l’entreprise y a indiqué que les utilisateurs de la version gratuite du Chat doivent écrire un mail à Mistral pour exercer leur “opt-out”.
UN KAWA À LA CNIL. La CNIL va en tout cas examiner le dossier, a indiqué Félicien Vallet, chef du service IA, à Océane. “On connaît bien” Mistral, assure le responsable, qui parle de relations plutôt fluides avec la start-up et ne s’avance pas sur l’existence ou non d’une infraction. “Les comportements [des entreprises d’IA] sont divers, mais on observe que des choses ont évolué au cours du temps. ChatGPT a fonctionné comme ça” — c’est-à-dire en nourrissant sa base de données d’entraînement à partir des interactions avec l’IA. “Les situations ne sont pas nécessairement équivalentes, et c’est ce qu’il faut examiner.”
L’autorité, qui attend encore de savoir quel sera son rôle dans la mise en application du règlement pour l’intelligence artificielle (AI Act), voit les dossiers concernant l’IA se multiplier — elle a récemment lancé une analyse de l’outil chinois DeepSeek. “Selon les échos que l’on a” de la part des homologues européens de la CNIL, “ils répondent”, précise Félicien Vallet, qui s’interroge cependant sur le manque de coordination de la réponse européenne. La CNIL italienne a fait disparaître DeepSeek des magasins d’applications de la péninsule, tandis que leur homologue irlandaise a envoyé une demande d’information aux créateurs de l’appli.
En Européens. “Pour être plus efficaces, il nous faut désormais avancer en bloc”, poursuit-il. “La situation était similaire avec le lancement de ChatGPT : nous avions créé une task force, et celle-ci va être pérennisée pour harmoniser nos façons de faire” au niveau européen, précise-t-il, en suggérant “un questionnaire” unique “pour éviter les actions trop éparpillées, moins efficaces et, il faut le reconnaître, complexes à gérer pour les acteurs privés”.